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Suzanne de la Reynière, par Quentin de la Tour

Un magnifique pastel exécuté par un des plus grands portraitistes du XVIIIe siècle.

Présentation de l'oeuvre

Portrait de Suzanne de la Reynière
Maurice Quentin de La Tour (1704-1788), Portrait de Suzanne de La Reynière (1736-1815). Pastel sur carton, 60 x 50 cm avec cadre. Château d’Aulteribe (Sermentizon)

© Philippe Berthé - Centre des monuments nationaux

 

Suzanne de Jarente de la Reynière (1736-1815) est une ancêtre de Caroline Costaz-Onslow, la belle-sœur d’Henriette Onslow, épouse Joseph de Pierre et propriétaires du château d’Aulteribe. Sa mère, Marguerite Alexandrine d’Ourches (née en 1783) s’est mariée au Baron d’Empire Costaz (1767-1842) et c’est à sa grand-mère Maximilienne Félicité de Baudot de Sainenneville, comtesse d’Ourches, que ce portrait se rattache. La comtesse d’Ourches a eu l'honneur d'être présentée à Leurs Majestés et à la Famille Royale par la Marquise de Beausset. Son contrat de mariage est aussi signé par leurs majestés et la famille royale. Pendant la Terreur la comtesse d’Ourches demeure au 8 rue des Champs-Élysées en 1794, puis est arrêtée avec sa tante, Suzanne de Jarente qui l’héberge. Ce portrait témoigne des liens familiaux de la grand-mère de Caroline Costaz-Onslow avec Suzanne de Jarente.

Cette dernière s’est mariée en 1758 au financier Laurent Grimod de La Reynière (1734-1793), fermier général de 1754 à 1780. Suzanne de Jarente permet à Laurent Grimod de La Reynière de s’élever dans la société : elle est aristocrate, fille du marquis d’Orgeval et nièce de Louis Sextius Jarente de La Bruyère, évêque d'Orléans. La comtesse de Genlis la décrit ainsi dans ses Mémoires : « C’était une personne […] très vaporeuse, très fâchée de n’être pas mariée à la cour, mais belle, obligeante, polie, se plaignant toujours de sa santé, mais aussi ne se plaignant jamais de personne […] je m'aperçus que presque toutes les dames de la cour […] étaient, au fond de l'âme, jalouses de la beauté de madame de La Reynière, de l'extrême magnificence de sa maison et de la riche élégance de sa toilette » (cité par Gustave Desnoiresterres, Grimod de La Reynière et son groupe, Paris, 1877, p. 10-11). Sa grande beauté est immortalisée par Jean-Baptiste Nini (1717–1786), qui en fait un portrait de profil, en terre et en bronze, que l’on retrouve dans de nombreuses collections publiques et privées.

Suzanne-Elizabeth-Françoise Jarente de La Reynière

© Metropolitan museum of art

 

Le portrait au pastel conservé à Aulteribe, est une œuvre rare par sa qualité. Le nom de Jean Valade (1709-1787) a été avancé pour ce portrait, mais aussi celui de Maurice Quentin de La Tour. Un membre de sa belle-famille, Antoine Gaspard Grimod de La Reynière (1690-1756), s’étant fait portraiturer par Maurice Quentin de La Tour, l’hypothèse en est confortée. Xavier Salmon tranche en faveur de cette attribution dans son catalogue d’exposition consacré à l’artiste.

Le style de Maurice Quentin de La Tour est en effet très marqué : le sujet portraituré est placé en pleine lumière, mais de façon à estomper les disgrâces. Souvent, le coin des lèvres est relevé afin d’évoquer un sourire. Le regard est toujours franc et les carnations subtiles dans leurs teintes et leurs nuances. Ici, un érotisme particulier émane de l’épaule droite découverte, mettant en valeur la délicate chair bombée formée par un bras replié.

Oeuvre à la loupe

Pour aller plus loin

Gustave Desnoiresterres, Grimod de La Reynière et son groupe : d'après des documents entièrement inédits, Paris, 1877.

Christine Debrie, Xavier Salmon, Maurice-Quentin de La Tour : prince des pastellistes, Somogy, 2000, p. 144.

Auteure de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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