Art & Architecture

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Madame du Châtelet d’après Marianne Loir

Découvrez les ambitions scientifiques du modèle, et sa féminité affirmée...

Présentation de l'oeuvre

D’après Marianne Loir (1712-1781), Madame du Châtelet (1706-1749), v. 1745. Huile sur toile, 100 x 81 cm. Château de Voltaire (Ferney)

© Hervé Lewandowski / CMN

 

Il s’agit ici de l’œuvre la plus connue de Marianne Loir, célèbre portraitiste qui construit sa carrière en peignant la noblesse de province à travers une vie itinérante. Quelques portraits de personnalités parisiennes connues, comme ceux de Marie-Thérèse Geoffrin et d’Émilie du Châtelet, dont l’original est conservé au musée des beaux-arts de Bordeaux, assurent sa postérité.

Ce portrait d’Émilie du Châtelet est caractéristique des évolutions du genre au XVIIIe siècle, notamment pour les femmes. Loin des portraits flatteurs en déesses ou en allégories, nombre d’entre elles souhaitent se faire représenter au milieu de symboles liés à leur passion.  Celle d’Émilie du Châtelet pour les sciences s’incarne dans une sphère armillaire et un compas, tenu par la main droite du modèle. Cette image de la femme constitue cependant une exception, nombre d’entre elles tenant plus fréquemment des partitions, des feuilles de dessin ou des livres.

Si Marianne Loir met en avant les ambitions scientifiques de son modèle, sa féminité n’en est pas pour autant négligée. Dans sa main gauche, la marquise tient un œillet, symbole de l’amour, suggérant une personnalité passionnée. Cet œillet fait face au compas un peu agressif côtoyant une bordure de fourrure courant le long de sa robe. Ce portrait la rend bien plus séductrice dans celui conservé au château de Breteuil, exécuté par Maurice Quentin de la Tour, où la marquise est représentée en train de travailler, le regard rêveur planté dans les yeux du spectateur.

Femme de goût et de mode, Émilie du Châtelet est une inconditionnelle de la « palatine », un tour de cou en fourrure, généralement de vison, qu’elle agrémente de diamants et de strass. Cette mode a été lancée par la princesse palatine, Élisabeth-Charlotte de Bavière, deuxième femme du duc d’Orléans, frère de Louis XIV, qui s’en montre assez fière dans ses mémoires : « J’ai eu l’idée, par le froid qui règne, de reprendre une vieille fourrure, afin d’avoir plus chaud au cou ; voilà qu’aujourd'hui tout le monde en commande sur le même patron, c’est la plus grande mode du moment ! »

 

Marianne Loir (1712-1781), Portrait de Gabrielle-Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet. Huile sur toile, 118 x 96 cm. Bordeaux, musée des Beaux-Arts

© RMN-Grand Palais / A. Danvers

 

Maurice Quentin de la Tour (1704-1788), Portrait de Gabrielle-Emilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet. Huile sur toile, 120 x 100 cm. Coll. Part, Choisel, château de Breteuil

© Wikipedia

 

Anonyme du XVIIIe siècle, Portrait de Gabrielle-Emilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet, entre 1750 et 1759. Huile sur toile, 63, 5 x 52,5 cm. Stockholm, musée national

© Nationalmuseum

 

Oeuvre à la loupe

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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