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Endymion endormi sur les genoux de Diane par Nicolas Bertin

Partez à la découverte de la vogue de la peinture mythologique au XVIIIe siècle

Présentation de l'oeuvre

Nicolas Bertin (1667-1736), Endymion endormi sur les genoux de Diane, 1675-1700. Huile sur toile, 74 x 92 cm. Château de Voltaire (Ferney-Voltaire)

© Hervé Lewandowski / CMN

 

Élève de Guy Louis Vernansal, puis de Jean-Baptiste Jouvenet et de Bon de Boulogne, Nicolas Bertin séjourne à Rome quatre ans de 1685 à 1689, après avoir remporté le prix de Rome. Le style vaporeux du Corrège et le coloris des vénitiens marquent l’artiste sur le plan esthétique. Reçu à l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1703, il y devient professeur en 1716. Il reçoit des commandes décoratives par Louis XIV pour Versailles et à Trianon, par l'Électeur de Bavière à Munich, incarnant la peinture d’histoire française à la charnière des XVIIe et XVIIIe siècles. Ses compositions mythologiques aux couleurs raffinées annoncent l'esprit du rococo, célébrant la grâce féminine et la sensualité. Le tableau conservé au château de Ferney est exemplaire à cet égard : la composition est faite de lignes sinueuses, comme celle de la disposition des putti, le coloris et à la fois brillant et chaud.

L’histoire du sommeil d’Endymion racontée dans plusieurs sources grecques ou romaines, fait alterner la figure de Diane à celle de Séléné, sans doute à cause de la confusion entre Séléné, déesse de la lune et Diane, autre déesse lunaire. Endymion, déjà marié, est un beau berger, dont Séléné, déesse de la lune, s’éprend. Elle demande à Zeus de plonger son bien-aimé dans un sommeil éternel afin de préserver sa beauté. Il repose depuis dans une grotte de Carie et Séléné vient le regarder dormir toutes les nuits.

Dans la composition de Nicolas Bertin la scène se situe dans un sous-bois, où coule une majestueuse cascade. La Déesse à la peau diaphane et pleine sensualité s’apprête à couvrir de son manteau le beau jeune homme déjà endormi, dont la pose n’est en rien langoureuse ou virile. Endymion fait figure plutôt ici d’enfant appuyé sur un genou de sa mère, tandis que Diane fixe droit son regard dans celui du spectateur, comme pour lui signifier son pouvoir.

L’ensemble est animé de gracieux putti, qui s’apprêtent à tendre une guirlande de fleurs, à décocher la flèche de l’amour depuis une nuée, ou à enlacer une biche. Un chien, traditionnel symbole de la fidélité est couché au pied d’Endymion.

Oeuvre à la loupe

Pour aller plus loin

C. B. Bailey, Les Amours des Dieux de Watteau à David, cat. exp., Paris, Galeries nationales du Grand Palais, octobre 1991-janvier 1992 et Fine art museum, Fort Worth, mai-août 1992, Paris, RMN, 1991.

J.-L. Bordeaux, François Lemoyne and his Generation, Neuilly-sur-Seine, Arthéna, 1984.

T. Lefrançois, Nicolas Bertin (1668-1736), peintre d'histoire, Neuilly-sur-Seine, Arthéna, 1981.

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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