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Vierge à l'Enfant avec saint Jean-Baptiste, d’après Andrea del Sarto.

Partez à la découverte d'une copie de qualité de la célèbre Madone de Porta a Pinti aujourd'hui disparue.

Présentation de l'oeuvre

École florentine du XVIe siècle, d’après Andrea del Sarto (1486-1530), Vierge à l'Enfant avec saint Jean-Baptiste ou Madone de Porta a Pinti. Huile sur panneau, 133,5 x 96 cm. Château de Bussy-Rabutin

© Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

 

Le comte de Sarcus a acquis cette œuvre pour la chapelle du château de Bussy-Rabutin, où le tableau a été accroché à la droite de l’autel. La Vierge, assise au centre, tient l’Enfant Jésus debout, son pied gauche reposant sur le genou droit de sa mère. Saint Jean se tient à droite de la composition, jeune garçon au pagne écarlate, pointant sa main gauche vers l’épaule gauche de la Vierge.  

Ce tableau est une copie d’une œuvre aujourd’hui disparue du peintre Andrea del Sarto, la Madone de Porta a Pinti, œuvre peinte à fresque en 1521 dans une ruelle de la ville de Florence, connue sous le nom de Porta Pinti ou Porta Fiesolana. L’historien de l’art et peintre Giorgio Vasari décrit cette œuvre, et particulièrement la figure de Jean-Baptiste, comme étant « d’une telle exécution parfaite, qu’elle est très appréciée pour sa beauté et sa vivacité ». Vasari précise aussi que « la tête de la Vierge offre le portrait d’après nature de la femme d’Andrea. ». Sa renommée est telle, selon Vasari, que lorsque Florence est assiégée en 1530, le sanctuaire est protégé, alors qu’une grande partie de ses environs sont démolis. En 1880, la fresque de la Madone de Porta Pinti est finalement détruite, mais sa popularité perdure par les nombreux dessins (Melbourne, National Gallery of Victoria et Paris, musée du Louvre) et copies peintes, dont la fidélité à l'original est complexe à déterminer.

Peintre florentin de la haute Renaissance, Andrea del Sarto est reconnu pour sa maîtrise stylistique, au point de lui valoir l’appellation de peintre « sans erreur » selon Vasari. Il propose une savante synthèse des compositions rythmées de Raphaël, du sfumato de Léonard et de la luminosité des couleurs des peintres vénitiens. Le peintre est un point de référence important pour la génération plus jeune de Pontormo, Rosso Fiorentino et de Giorgio Vasari. Il travaille notamment pour le cloître du Scalzo, à Florence, où il laisse des fresques monochromes admirées par François 1er, qu'il rejoint en France (1518-1519) mais qu’il quitte quand son épouse le rappelle en Italie, pour le réfectoire du couvent San Salvi, près de Florence.

La Madone de Porta a Pinti est aujourd'hui connue par de nombreuses copies d’inégales qualité. La version conservée au château de Bussy, imite avec fidélité la délicatesse de la manière d'Andrea del Sarto, avec ses postures raffinées et son coloris audacieux, où les verts, jaunes, rose, mauves, gris et rouges se répondent harmonieusement.  Cette copie d’après del Sarto est très similaire à celle récemment passée en vente publique, considérée comme une copie du XVIe siècle (vente Bonhams, 08. 12. 2021). Ces deux versions ont en commun d’être fidèles aux dessins préparatoires connus, dans le drapé de la Vierge dont le voile ne retombe sur le genou, ainsi que dans le détail de la main gauche de l'Enfant, posée sur le bras de sa mère, à la différence d’une autre version passée en vente publique en 2015 (vente Artcurial, 13. 11. 2015). Cependant, dans le tableau conservé à Bussy, Saint Jean Baptiste ne porte pas de peau de bête comme dans la version d’Artcurial ou celle du Musée Cenacolo de San Salvi, à Florence.


La copie aurait pu être exécutée par Jacopo Chimenti, dit Jacopo da Empoli, comme celle qui se trouve aujourd’hui au Musée Cenacolo de San Salvi, à Florence, avec une attribution récente à Empoli (inv. 1890/ 612).  De l’historien d’art et collectionneur Filippo Baldinucci (1625-1697), nous savons qu’Empoli a copié cette Madone à plusieurs reprises, de sorte que les meilleures versions, sont généralement considérées comme étant de la main de l'artiste. Selon Alessandro Marabottini souligne qu'il n'y a pas de raisons stylistiques particulières pour soutenir l’attribution à Empoli. 

 

D'après Andrea del Sarto (1486-1530), Madone de Porta a Pinti, XVIe siècle. Huile sur toile, 146,1 x 110,2 cm. Vente Bonhams, 08. 12. 2021

© Bonhams

 

École florentine du XVIe siècle, entourage d’Andrea del Sarto (1486-1530), Madone de Porta a Pinti. Huile sur toile, 103 x 81 cm. Vente Artcurial, 13. 11. 2015

© Artcurial

 

Jacopo da Empoli (1551-1640), d'après Andrea del Sarto (1486-1530), Madone de Porta a Pinti. Huile sur toile, 190 x 119 cm. Florence, Museo del Cenacolo di Andrea del Sarto

© Museo del Cenacolo di Andrea del Sarto

 

D'après Andrea del Sarto (1486-1530), Madone de Porta a Pinti, XVIIe siècle. Huile sur toile, 137,2 x 102,9 cm. Ham House, Surrey

© National Trust

 

Andrea del Sarto (1486-1530), Etude pour la tête de Saint Jean Baptiste. Melbourne, National Gallery of Victoria

© National Gallery of Victoria

 

Copie d'après la fresque de la 'Madonna della Porta Pinti', Paris, musée du Louvre

© Rmn

Oeuvre à la loupe

Pour aller plus loin

Andrea del Sarto 1486-1530 : dipinti e disegni a Firenze, Florence, Palais Pitti, du 8 novembre 1986 au 1er mars 1987 p. 21, 24, 70.

Maurice Dumolin, Le Château de Bussy-Rabutin, Paris, 1933, p. 90.

R. Fry, « An unpublished Andrea del sarto », The Burlington Magazine, 1924, p. 265.

Gli Uffizi : catalogo generale, Florence, 2e édition, 1980 n. P72 bis.

Alessandro Marabottini, L’Empoli. Jacopo di Chimenti da Empoli, De Luca Editori,  Leonardo Arte, 1988.

Jean-Baptiste-César (comte de) Sarcus, Notice historique et descriptive sur le château de Bussy-Rabutin, Dijon, 1854, p. 142-143.

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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