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Mariage mystique de sainte Catherine d'Alexandrie

Découvrez l'évolution iconographique de la représentation du songe à la fin du XVIe siècle.

Présentation de l'oeuvre

École italienne, fin XVIe siècle, Mariage mystique de sainte Catherine d'Alexandrie. Huile sur toile, 70 x 72 cm. Château de Bussy-Rabutin (Bussy-le-Grand)

© Benjamin Gavaudo / CMN

 

Le mariage mystique de sainte Catherine d’Alexandrie est un épisode tiré de la légende dorée de Jacques de Voragine. Il s’agit d’un sujet classique dans la peinture de dévotion à usage privé comme c’est ici le cas dans le tableau conservé au château de Bussy. Selon l’hagiographie chrétienne, Catherine serait née vers 290 dans une famille noble d’Alexandrie en Égypte. Une nuit, elle voit en songe le Christ et décide de lui consacrer sa vie, se considérant comme sa fiancée.

Catherine d’Alexandrie, très belle jeune fille, est l’unique fille du roi de Costa. Elle a refusé d’épouser l’empereur Maxence se déclarant vouée au Christ. Maxence lui envoie alors les hommes les plus sages, philosophes et orateurs qui tente de la détourner de la foi en Christ. Mais Catherine, dotée d’une grande intelligence et de beaucoup de connaissances, réussit à les convertir, suscitant la colère de l’empereur qui les condamne au bûcher et Catherine au supplice.

Thème fréquemment représenté dans la peinture du XVe siècle puis de la Renaissance italienne, cette union sacrée entre la sainte et l’enfant Jésus prend souvent la forme iconographique d’une bague nuptiale passée au doigt de la sainte, somptueusement vêtue afin d’indiquer son statut princier. La représentation du songe est en revanche sujet à évolutions. Selon les régions d’Italie et les écoles, le monde de la réalité et celui du songe peuvent figurer côte à côte, reliés par un médiateur ou séparés par une frontière, mandorle ou nuage. Ainsi, dans le tableau d’Annibale Carrache conservé au musée de Capodimonte, datant de la fin du XVIe siècle, deux anges fantomatiques sont représentés afin de matérialiser le songe. À cette même époque Ludovic Carrache innove en renonçant à figurer l’alliance passée au doigt, et en signifiant le rêve par les yeux clos de la sainte.

Il est très difficile de définir de quelle école italienne est issu le tableau de Bussy, acquis par Jean-Baptiste-César de Sarcus. Ce type d’œuvres de dévotion privée étant très en vogue, il existe des modèles probablement utilisés par plusieurs peintres, issus souvent de formations différentes, mais participant à une seule culture figurative qui perdure jusqu'au siècle suivant.

 

Annibale Carrache (1560-1609), Mariage mystique de sainte Catherine, vers 1585. Huile sur toile, 160 x 128 cm. Naples, musée de Capodimonte

© musée de Capodimonte

 

Ludovic Carrache (1555-1619), Le rêve de Sainte Catherine d'Alexandrie, vers 1593. Huile sur toile, 138,8 x 110,5 cm. Washington, National Gallery of Art

© National Gallery of Art

Oeuvre à la loupe

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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