Histoire

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Marie-Antoinette à travers les monuments nationaux

Portrait de la reine Marie-Antoinette dit « à la rose », Élisabeth-Louise Vigée-Lebrun, 1783, Château de Versailles © Jean Feuillie / Centre des monuments nationaux

Haïe pendant la Révolution, Marie-Antoinette est aujourd’hui une figure admirée, voire adulée par certains. Découvrez les monuments liés à l’histoire de cette célèbre reine de France.

Les premiers pas d’une reine

Fille de l’empereur François Ier et de Marie-Thérèse de Habsbourg, Marie-Antoinette naît à Vienne le 2 novembre 1755. En mai 1770, elle quitte son pays et sa famille à l’âge de 14 ans pour venir en France auprès de son fiancé, le dauphin Louis-Auguste, qu’elle épouse au château de Versailles. À la mort de Louis XV, en 1774, celui-ci monte sur le trône sous le nom de Louis XVI. Marie-Antoinette devient reine de France, à l’âge de 18 ans.

La nouvelle souveraine aime les spectacles, les jeux, la musique et les artistes. Elle se passionne également pour la mode et l’art de vivre. Supportant mal les contraintes de la vie à Versailles, elle s’entoure d’un petit groupe d’amis qu’elle se plaît à recevoir au Petit Trianon, son lieu de séjour favori. C’est aussi là qu’elle fait construire un hameau à l’allure bucolique, qui va inspirer au Roi un cadeau pour son épouse…

Portrait de Marie-Antoinette par Elisabeth Vigée-Lebrun
Portrait de la reine Marie-Antoinette, tableau d’Élisabeth Vigée-Le Brun (1783)

© Jean Feuillie / Centre des monuments nationaux

Le château de Rambouillet

Le château de Rambouillet devient une résidence royale en 1783. Entouré d’une vaste forêt, il est un lieu idéal pour les parties de chasse que le roi Louis XVI affectionne. Seulement, comment convaincre la reine de l’y accompagner, elle qui préfère le Petit Trianon de Versailles ? Le monarque décide donc de lui faire construire un monument qui l’éblouira à coup sûr.

Laiterie de la reine au château de Rambouillet, avec sa grotte artificielle ornée d’une statue de la déesse Amalthée
La laiterie de la reine au château de Rambouillet

© Benjamin Gavaudo / Centre des monuments nationaux

Surprise ! Le 26 juin 1787, Marie-Antoinette découvre une laiterie d’apparat dans les jardins de Rambouillet. À la pointe des tendances de l’époque, elle reflète le retour à la nature prônée par les philosophes du XVIIIe siècle. Mais attention : ici, la nature s’exprime avec raffinement ! 

Malheureusement, la reine déteste Rambouillet, qu’elle surnomme « la crapaudière » !

Service en porcelaine de la laiterie de la reine au château de Rambouillet, présenté devant la grotte artificielle à l’occasion de l’exposition « Vivre à l’antique »
Présentation provisoire du service en porcelaine de la laiterie à l'occasion de l'exposition "Vivre à l'antique" (19 mai - 30 août 2021),

© Benjamin Gavaudo / Centre des monuments nationaux

La Conciergerie

Les États généraux, la prise de la Bastille, l’emménagement forcé au palais des Tuileries… 1789, puis 1790 : la Révolution française marque de grands bouleversements pour la famille royale. Celle-ci est étroitement surveillée, de jour comme de nuit. Pourtant, le 20 juin 1791, elle parvient à s’échapper. Hélas, elle est arrêtée dès le lendemain, à Varennes. Le roi, la reine et leurs enfants sont ramenés aux Tuileries, pour être finalement transférés à la prison du Temple le 11 août.

Tableau de Marie-Antoinette à la Conciergerie, réalisé en 1817
Marie-Antoinette à la Conciergerie, tableau de Simon Gervais (1817)

© Bernard Acloque / Centre des monuments nationaux

Louis XVI est exécuté en janvier 1793. Quelques mois plus tard, le 2 août, Marie-Antoinette, devenue la « veuve Capet », est transférée sous bonne garde à la Conciergerie. Elle est menée jusqu’à sa cellule et maintenue isolée des autres détenues. Cette prison est sa dernière résidence.

Accusée de dilapider l’argent de la Nation et de conspirer avec les ennemis de la France, elle comparaît devant un tribunal le 16 octobre 1793. Les témoignages successifs n’apportent pas de charge sérieuse contre elle. Pourtant, les attaques se multiplient, allant jusqu’à l’accusation d’inceste. Révoltée, Marie-Antoinette s’écrie alors : « Si je n'ai pas répondu, c'est que la nature elle-même refuse de répondre à de telles accusations faites à une mère. J’en appelle à toutes les mères ! »

Les jurés se montrent inflexibles, son sort est déjà fixé. Condamnée à mort, elle est guillotinée le jour même sur la place de la Révolution, l’actuelle place de la Concorde.

François Flameng (1856-1923), Marie-Antoinette se rendant au supplice, 1885. Musée de la Révolution française

© Coll. Musée de la Révolution française – Domaine de Vizille – Dépôt des musées de Senlis

La chapelle expiatoire

Après la restauration de la monarchie en 1814, Louis XVIII veut honorer la mémoire de Louis XVI, son frère. Il fait rechercher ses restes et ceux de Marie-Antoinette dans l’ancien cimetière de la Madeleine, où tous deux ont été inhumés après leur exécution. Les dépouilles sont amenées à la basilique Saint-Denis et une Chapelle commémorative est bâtie à cet emplacement. Son rôle ? Expier les péchés de la Révolution.

L’édifice est réalisé par l’architecte François Léonard Fontaine, qui compose ici une œuvre néoclassique singulière. Symboliquement, la première pierre de cet édifice dédié à la prière et au souvenir est posée le 21 janvier 1815, jour anniversaire de la mort de Louis XVI. 

Deux statues de marbre blanc représentent le roi et la reine. Celle-ci est agenouillée devant une figure allégorique de la Religion, le visage tourné vers le ciel. Gravée sur le monument, sa dernière lettre, adressée à Madame Élisabeth, sœur du roi, est bouleversante : « Adieu, ma bonne et tendre sœur ; puisse cette lettre vous arriver ! Pensez toujours à moi, je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfants : mon Dieu ! qu’il est déchirant de les quitter pour toujours ! »

Vue extérieure de la Chapelle expiatoire à Paris
La Chapelle expiatoire depuis le portique d’entrée

© Benjamin Gavaudo / Centre des monuments nationaux

La basilique Saint-Denis

Ce même jour de 1815, une cérémonie funèbre grandiose est organisée à la basilique Saint-Denis, nécropole des rois de France. Les cendres de Marie-Antoinette et de Louis XVI sont déposées dans la crypte en présence de la famille royale au complet.

L’année suivante, Louis XVIII commande deux statues priants en marbre blanc de Louis XVI et Marie-Antoinette. Celui de la reine est réalisé par le sculpteur Pierre Petitot, qui la représente en tenue de cour, dans une attitude sereine. Si celle-ci est achevée en 1819, la statue de Louis XVI ne l’est qu’en 1831. Déplacées à plusieurs reprises au sein de la basilique, elles sont finalement installées sur un socle commun dans la chapelle Saint-Louis en 1975.

Priants de Louis XVI et de Marie-Antoinette à la basilique Saint-Denis
Priants de Louis XVI et Marie-Antoinette à la basilique Saint-Denis

© Patrick Cadet / Centre des monuments nationaux

Aujourd’hui, Marie-Antoinette est l’un des visages les plus célèbres de l’Histoire de France et de la culture populaire.

Priant de Marie-Antoinette en détails, avec son visage et son buste
Détail du priant de Marie-Antoinette à la basilique Saint-Denis

© Antoine Schneck / Centre des monuments nationaux / Antoine Schneck - ADAGP

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