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Portrait d'une jeune femme par Pierre Mignard

Partez à la découverte de l'art des postures des bras dans les portraits de Pierre Mignard.

Présentation de l'oeuvre

Pierre Mignard (1612-1695), Portrait d'une jeune femme, v. 1666-1695. Huile sur toile, 85,5 × 70 cm. Château de Bouges

© Alain Lonchampt/Centre des Monuments nationaux.

 

Le modèle est vêtu d’une robe ornée de pierres précieuses, dévoile un superbe bras blanc, sobre et dépourvu de dentelles, qui pointe sur une partition de musique signée « M. Lambert », soit le compositeur Michel Lambert (1610-1696), maître de musique de la chapelle du roi. L’air qui figure sur la partition a été composé en 1666 sur les paroles de la Tullière, publié en 1689, qui porte le titre d’un air galant : « J’avois passé près d'un jour sans la voir ». Pierre Mignard utilise fréquemment la posture des bras des jeunes femmes qu’il portraiture afin de théâtraliser son modèle, comme dans Portrait d'une dame de la Cour conservé au musée des beaux-arts de Carcassonne.

L’aspect théâtral de la pose tient autant aux effets de drapé rouge du manteau qu’aux contrastes lumineux, permettant de mettre l’accent à la fois sur le visage et la partition, elle-même théâtralisée par l’ombre portée du bras. Une sorte de mystérieuse gravité théâtrale nimbe la jeune femme pourrait être la fille du compositeur, Madeleine Lambert (1642-1720) qui épouse Lully, ou l’un de ses élèves, comme Anne de La Barre (1628-1688).

Pierre Mignard, peintre classique français du XVIIe siècle, est connu pour ses portraits de la famille royale ou de ses contemporains. Il peint les écrivains et les femmes, Molière et Bossuet, la princesse Palatine, la duchesse de Châtillon, la comtesse de Fiesque, Julie d’Angennes, Mlle de Montpensier, la duchesse de Ventadour, Mme de Montespan et Mlle de La Vallière, Mme de Sévigné et Mlle de Grignan, Mlle de Fontanges, et même dix fois Louis XIV, tandis que Le Brun a pour lui la toute-puissance officielle. Son style au modelé rond, aux expressions aimables et conventionnelles, ses coloris contrastés plaisent à ses commanditaires.

Il doit néanmoins affronter la concurrence de Charles Le Brun qui considère que Pierre Mignard est un peintre « sans théorie ». L’apprentissage de Mignard se fait en effet à Bourges avant qu’il n’étudie les grands décors de Fontainebleau puis entre dans l’atelier de Vouet. Il part pour l’Italie en 1635 et y demeure vingt ans, réalisant de grandes compositions, des tableaux de dévotion, dont les Vierges connues sous l’appellation de « mignardes », des portraits de style bolonais. De retour à Paris en 1658, protégé de Mazarin, Mignard peint le portrait du roi et multiplie les grandes décorations dans les hôtels de l'aristocratie.

En dépit de l’approbation royale, Mignard refuse à maintes reprises d’entrer à l’Académie royale de peinture et sculpture, mais grâce à l’appui de Louvois, il supplante Le Brun dans la faveur royale et lui succède à la direction de l’Académie à sa mort en 1690.

 

Pierre Mignard (1612-1695), Portrait d'une dame de la Cour, avant 1694. Huile sur toile, 88 × 73,5 cm. Carcassonne, musée des beaux-arts

© Wikipedia

Oeuvre à la loupe

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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