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Louise de Lorraine-Vaudémont, épouse du roi Henri III

Partez à la découverte d'une reine représentée avant la mort de son époux, puisqu'elle prend le deuil en blanc.

Présentation de l'oeuvre

Anonyme école française du XVIIe siècle, Portrait de Louise de Lorraine-Vaudémont (1553-1601), épouse du roi Henri III. Huile sur toile, 202 x 104,5 cm. Château de Cadillac

© Pascal Lemaître / Centre des monuments nationaux

 

L’iconographie de Louise de Lorraine-Vaudémont demeure rare, tant pour les portraits d’apparat en pied qu’en buste. C’est sans doute pour cette raison que des portraits de la souveraine sont encore exécutés au XVIIe siècle. Il reste ainsi à identifier le modèle copié.

Fille du comte de Vaudémont, la reine Louise appartient à la maison ducale de Lorraine, rang qui ne prédispose pas à devenir reine de France. Elle est cependant choisie par le jeune roi Henri III, qui la trouve « à son goût », faisant ainsi un mariage dénué d’intentions politiques.

La pose est rigide comme le veut le genre du portrait d’apparat, rigidité accentuée par l’adoption de la mode dite « à l’espagnole », privilégiant les formes droites. Le corps baleiné s’allonge, engonçant le buste, et le vertugadin, jupon raide en cloche confère à la silhouette l’aspect général d’un cône. Le costume est agrémenté ici d’un somptueux collier de perles, qui évoque les patenôtres ou chapelet, quoiqu’aucun crucifix n’y est suspendu.

L’apparence paraît sobre, mais elle est en réalité très précieuse en raison de son étoffe, travaillée en relief comme la Renaissance en produit en dépit des ordonnances somptuaires de Henri II (1547) et de Henri III. Ces lois somptuaires épargnaient il est vrai la reine et sa cour, et c’est pour cette raison que le portrait de Louise de Lorraine présente de nombreux attributs vestimentaires luxueux.

La coiffure en hauteur de la reine est typique des années 1580-90, de même que la fraise, dont la circonférence diminue un peu à cette période – elle pouvait s’étendre sur 40 cm auparavant – mais se charge de dentelle « à l’aiguille » à son extrémité, comme c’est le cas dans ce portrait. Cette mode est concurrencée par celle de la collerette en éventail arborée dans ses autres portraits, puisque c’est Louise de Lorraine qui l’a mise à la mode à la cour des Valois. Cette mode perdure jusqu’à Marie de Médicis, comme le montre son portrait peint en 1603 par Charles Martin, conservé au château de Blois. Dans tous ces portraits d’apparat, la perle est portée à l’oreille, le collier se poursuit largement sur la robe.

On pourrait penser que le portrait est postérieur à la mort de son époux, en 1589, or il n’en est rien, puisque Louise de Lorraine-Vaudémont prend le deuil en blanc, comme il est d’usage à la cour de France, en dépit du « deuil à l’italienne », en noir, porté par Catherine de Médicis à la mort d’Henri II (1559).

Le dessin attribué à l’école de Daniel Dumonstier conservé au musée du Louvre, confirme l’identité du modèle, en dépit d’une physionomie sensiblement différente dans deux autres portraits : celui conservé musée des beaux-arts de Houston, daté des années 1570 et celui de Jean Decourt conservé à la Bibliothèque nationale de France. La couleur des cheveux diffère tout particulièrement, mais il ne faut pas oublier que la blondeur était recherchée depuis Catherine de Médicis. Il existait quantité de moyens pour éclaircir les cheveux, en les enduisant d’une mixture décolorante mêlant safran et citron. Le dessin du Louvre montre ainsi une Louise de Lorraine blonde. Le mystère reste donc entier sur le modèle ayant servi à la copie de ce portrait d’apparat.

 

Jean Decourt (1530-1601), Louise de Lorraine, reine de France, 1580. Dessin à la pierre noire, crayon de couleur, sanguine ; 33,5 x 23 cm. Paris, BnF

© BnF

 

École de Daniel Dumonstier (1574-1646), Portrait de Louise de Lorraine, reine de France. Dessin, 41,5 x 27,5 cm. Paris, musée du Louvre, D.A.G.

© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Le Mage

Oeuvre à la loupe

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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