Art & Architecture

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Paysage monumental d’Italie, 1820, par Jean-Joseph-Xavier Bidault

Découvrez la pratique de l’esquisse à l’huile de paysage en plein air.

Présentation de l'oeuvre

Jean-Joseph-Xavier Bidault (1758-1846), Paysage d’Italie, 1820. Huile sur toile, 410 x 270 cm. Château de Maisons-Laffitte

© Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

 

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la pratique de l’esquisse à l’huile de paysage en plein air  se répand largement à travers l’Europe. Les artistes affluent en Italie afin de peindre « sur le motif » les monuments de Rome et les paysages idéalisés de la campagne romaine.

C’est dans ce vaste mouvement européen que se place l’école menée par les peintres Pierre-Henri de Valenciennes et Jean-Joseph-Xavier Bidault. Ces paysagistes de la première moitié du XIXe siècle sont aujourd’hui considérés comme les premiers peintres de plein air, quoique que leurs compositions soient encore idéalisées, effectuant un premier pas vers une vision nouvelle des paysages jusqu’à l’émergence de la génération de l’école de Barbizon.

Pierre-Henri de Valenciennes (1750-1819) théorise son art et son enseignement dans un ouvrage paru en 1799, les Eléments de perspective. Il y préconise l’étude directe de la nature en plein air, par séances de deux heures seulement afin de conserver une unité de lumière. Ces études n’étaient en aucun cas destinées à être des œuvres, mais des aide-mémoires nécessaires à l’exécution de tableaux. Il constitue un répertoire de formes tout en exhortant à l’étude du paysage « dans toutes ses parties » et prescrit « de se lever avant l’aurore pour connaître tous ses effets ». Valenciennes définit également le « paysage portrait » qu’il souhaite l’égal de la grande peinture d’histoire.

Pierre-Henri de Valenciennes ayant vécu à Rome de 1777 à 1785, il croise à peine Jean-Joseph-Xavier Bidault qui y séjourne de 1785 à 1790. Ce dernier, sans avoir été l’élève de Valenciennes, s’inscrit dans ses pas et se façonne au contact des élèves de Jacques-Louis David, au style alliant observation du naturel et composition néoclassique. Avec sa manière fine et minutieuse, détaillant le motif, peignant chaque feuille distinctement, il s’intéresse surtout au paysage. Il contribue à définir le périple des artistes en quête de vues nouvelles dans la campagne romaine, vers les villes de Subiaco, Narni, Civita Catellana… Les personnages lui important peu, ceux de ses tableaux sont parfois peints par d’autres artistes. La vue de la ville d'Avezzano, conservée au musée du Louvre, ainsi que la vue d’un viaduc conservée au musée Magnin de Dijon, illustrent parfaitement sa pratique de l’esquisse en plein air, son goût pour des vues inédites ainsi que son attention exclusive au paysage.

Dans la grande toile peinte de Maisons-Laffitte, les personnages jouant à un jeu de quilles ainsi que des promeneurs ont un effet pittoresque indéniable. Ils permettent d’animer un paysage qui ne se distingue par aucun édifice notable et dont les deux tiers sont consacrés au ciel. Il n’en demeure moins que c’est bien ce paysage paisible ainsi cette vue des montagnes placée au centre de la composition, aux coloris étagés en camaïeu, qui constituent le sujet de l’œuvre. L’autre sujet étant sans doute l’étude de la lumière, perceptible dans le doux éclat de l’atmosphère brumeuse sur la campagne et sa végétation. Le traitement des nuages, en écho aux ombres portées des montagnes et des feuillages, rend de manière particulièrement sensible la lumière d’une fin d’après-midi.

Oeuvre à la loupe

Pour aller plus loin

Marie-Madeleine Aubrun, « La tradition du paysage historique et le paysage naturaliste dans la première moitié du XIXe siècle français », L’Information d’histoire de l’art, no 2, mars-avril 1968, p. 63-72.

Anna Ottani Cavina, Paysages d’Italie, les peintres du plein air, Paris, RMN, 2001.

Suzanne Gutwirth, « Jean-Joseph Bidauld. Une sensibilité néoclassique », Jean-Joseph-Xavier Bidauld (1758-1846). Peintures et dessins, cat. exp. Carpentras, musée Duplessis ; Angers, musée des Beaux-Arts ; Cherbourg, musée Thomas-Henry, 1978, Nantes, imp. Chiffoleau, 1978.

Ger Luijten, Mary Morton et Jane Munro (éd.), Sur le motif. Peindre en plein air 1780-1870, Londres, Paul Holberton Publishing, 2020.

Désiré Raoul-Rochette, « Notice historique sur la vie et les ouvrages de M. Bidault », 6 octobre 1849, Procès-verbaux de l’Académie des beaux-arts, 1845-1849, Paris, École des Chartes, 2008, t. VIII, p. 456-457.

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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