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Napoléon III d’après Franz-Xaver Winterhalter

Partez à la découverte du plus célèbre portrait de Napoléon III

Présentation de l'oeuvre

D’après Franz-Xaver Winterhalter (1805-1873), Portrait de Napoléon III, v. 1885. Huile sur toile, 250 x 150 cm. Musée historique de Saint Cloud, domaine de Saint-Cloud

© Pierre Coudert / Centre des monuments nationaux

 

Les deux portraits originaux de l’Empereur et de l’Impératrice, présentés par Franz-Xaver Winterhalter au Salon de 1855 ont disparu du palais des Tuileries lors de la Commune, le palais étant définitivement ruiné après l’incendie de mai 1871. Ces deux portraits sont demeurés célèbres grâce aux nombreuses copies destinées à orner les bâtiments officiels. L’État commande ainsi et dépose quelques 540 Napoléon III et près de 400 Eugénie entre 1855 et 1870, d’après les modèles de Winterhalter. Les copies étaient déclinées en deux versions, en pied ou en buste.  

Le Second Empire voit la consécration de l’artiste dont la légion d’honneur octroyée en 1839 avait déjà entériné la reconnaissance. Le comte de Nieuwerkerke, alors surintendant des Beaux-arts, dont la compagne officieuse, la princesse Mathilde, est la cousine de Napoléon III, a sans doute favorisé l’introduction de Winterhalter auprès de la cour des Tuileries. La manière de peindre de Winterhalter séduit Eugénie, manière « coquette et brillante », proche des anglais selon Théophile Gautier, qui présente l’avantage de pouvoir camoufler le moindre défaut.

Il exécute ainsi les portraits d’apparat du couple impérial en 1853, celui de l’empereur faisant pendant au portrait d’Eugénie au Salon de 1855. À la différence du portrait de Louis-Philippe, celui de Napoléon III réintroduit le manteau d’hermine et le trône du traditionnel portrait du souverain royal, complété par le rideau de velours rouge et présence des regalia. Il arbore cependant l’uniforme de général de division et porte la Légion d’honneur, soulignant qu’il entend renouer avec les heures brillantes du règne de son oncle, Napoléon Ier. Les abeilles, emblèmes napoléoniens, ont disparu, les aigles impériales sont à peine visibles sur la couronne, mais l’allusion un plus significative au Premier Empire réside dans le trône placé à l’arrière-plan, qui ressemble à celui de Napoléon Ier. On devine à l’arrière-plan la façade du palais des Tuileries, siège du pouvoir impérial.

Le portrait du souverain circulant à travers la France et l’Europe, Franz-Xaver Winterhalter connaît une carrière internationale. Les Russes de Paris prolongent cet effet de mode, en particulier la duchesse Sophie de Morny, belle-sœur de Napoléon III, née Troubetskoï, qui s'était fait peindre trois fois par l'artiste. Parmi les plus célèbres portraits figure celui de la tante du compositeur Rimsky-Korsakov (Paris, musée d'Orsay). En Pologne, c'est la famille Potocki qui fait connaître le peintre, mais aussi des personnalités des États allemands qui se font portraiturer auprès de leur compatriote : le duc de Saxe-Meiningen, le prince Ernest de Hohenlohe-Langenbourg, la grande-duchesse Louise de Bade. Enfin, les souverains d'Autriche-Hongrie François-Joseph et Elisabeth, sont également portraiturés par l'artiste qui livre d’inspirantes icônes pour le personnage de « Sissi ».

 

Oeuvre à la loupe

Pour aller plus loin

Franz-Xaver Winterhalter et les cours d’Europe de 1830 à 1870, cat. exp., musée du Petit Palais, 1988.

Franz-Xaver Winterhalter, Portraits de cour entre faste et élégance, cat. exp., musée du palais de Compiègne, 30 septembre 2016-15 janvier 2017, Paris, Reunion des Musees nationaux, 2016.

Marie-Noëlle Maynard, notice « Portrait de Napoléon III » [d’après Franz Xaver Winterhalter], dans Armand Barbès et la Révolution de 1848 [cat. exp. Carcassonne, musée des Beaux-Arts, 6 novembre 1998 - 2 février 1999], [s. l.] : [s. n.], 1998.

Cécile Raynaud, notice « Portrait de Napoléon III » [Franz Xaver Winterhalter], dans Berlioz. La Voix du romantisme [cat. exp. Paris, Bibliothèque nationale de France, 17 octobre 2003 – 18 janvier 2004], Paris, Bibliothèque nationale de France, 2003.

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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