Art & Architecture

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Architecture et ruines par Pietro Paltronieri

Découvrez le genre des "caprices", ces fantaisies architecturales appréciées pour leur effet décoratif et leur inspiration singulière

Présentation de l'oeuvre

Pietro Paltronieri (1673-1741), dit Il Mirandolese dalle Prospettive, Architecture et ruines, vers 1720-1730. Tempera sur toile, 295 x 160 cm. Paris, Hôtel de la

© Hervé Lewandowski / CMN

 

Pietro Paltronieri (1673-1741), dit Il Mirandolese dalle Prospettive, Architecture et ruines, vers 1720-1730. Tempera sur toile, 295 x 160 cm. Paris, Hôtel de la Marine

© Hervé Lewandowski / CMN

 

Ces deux caprices ou capricci sont des fantaisies architecturales, mêlant ruines archéologiques et architecture dans des combinaisons imaginaires, animées par des figures, dans un style pittoresque ou élégiaque (all’elegìaco). Le caprice ou veduta ideata de la peinture vénitienne entre la fin du XVIIe et le début du XVIIIe siècle devient un véritable genre.

Ce dernier est l’héritier des fresques architecturales peintes dans les palais du XVIe siècle, notamment les décorations de plafond connues sous le nom de quadrattura, genre pictural baroque visant à simuler des reliefs architectoniques sur les voûtes planes des églises. Plus largement et comme le souligne l’historien de l’art italien Giorgio Vasari (1511-1574), le terme capriccio fait référence aux traits énigmatiques qui témoignent de l’originalité d’un peintre, de son imaginaire pictural propre (un suo capriccio). Ainsi, au sujet de Filippino Lippi, il porte une attention particulière aux « caprices étranges qu’il exprime dans ses peintures ». Ce goût du singulier s’étend également à la musique, théorisé par le compositeur allemand Michael Schultze (Praetorius) en 1608, qui définit le caprice musical comme « est une sorte de fantaisie improvisée, dans laquelle on passe d’un thème à l’autre ».

Ces deux aspects cumulés à savoir, le goût pour le puissant effet décoratif des éléments architecturaux ainsi que celui d’une vision personnelle du paysage invitent les peintres de chevalet du XVIIe siècle à proposer ce type de vues pour les amateurs. Ainsi, la peinture de paysage en perspective avec ruines et rivières de la fin des années 1600 se renouvelle au début des années 1700 avec le style rocaille élégant et imaginatif, dont l’effet décoratif est clairement d'inspiration théâtrale, et dont Pietro Paltronieri est un protagoniste éminent.

Avec Pietro Paltronieri, actif principalement à Rome et Bologne, mais aussi à Vienne, le caprice tire sa singularité de l’exécution rapide des figures, offrant des œuvres qui donnent à voir l’acte pictural lui-même, dans une palette chromatique simplifiée, jouant sur le rose, le bleu et le jaune. Les œuvres présentées à l’Hôtel de la Marine peuvent être comparées à plusieurs compositions similaires de Paltronieri, qui exécute principalement de grandes toiles afin d’orner les salles des palais de Bologne, comme celles exécutées vers 1718-1722 au palais Caprara ou celles pour le Palais Rouge de Gênes. L’artiste est également très prisés des amateurs ayant séjourné en Italie et qui commandent à leur retour des œuvres afin d’orner leurs demeures, comme Sir Thomas Anson pour Shugborough Hall au Royaume-Uni.

Salle à manger de Shugborough Hall (Staffordshire, Royaume-Uni), ornée de deux caprices architecturaux par Pietro Paltronieri (1673-1741), v. 1723-1748

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Pietro Paltronieri (1673-1741), Architecture et ruines, vers 1720-1730. Tempera sur toile, 134 x 182 cm. Vienne, musée d’histoire de l’art de Vienne

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Oeuvre à la loupe

Pour aller plus loin

Maria Cristina Bandera, Paltronieri - Pietro Paltronieri, il Mirandolese (Mirandola 1673-Bologna 1741), Modène, Cassa di Risparmio di Mirandola, 1990.

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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