Art & Architecture

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Paysage par Gaspard Dughet

Découvrez la vision idyllique de la campagne romaine au coucher du soleil.

Présentation de l'oeuvre

Gaspard Dughet (1615-1675), Paysage. Huile sur toile, 122 x 171 cm. Château de Maisons

© David Bordes / CMN

 

Le peintre italien Gaspard Dughet propose ici une vision idyllique de la campagne romaine au coucher du soleil. Les plans se succèdent dans une composition parfaitement structurée, révélant des voyageurs qui cheminent, là un lac puis une ville bâtie, amenant progressivement l’œil jusqu’à l'horizon bleuté et doré. Cependant, rien ne fonctionne comme le paysage classique codifié par Nicolas Poussin.

Or Gaspard Dughet est supposé avoir été très fortement influencé par Nicolas Poussin puisqu’il est devenu son beau-frère en 1630, Poussin s’étant installé à Rome. Le jeune Gaspard entre en apprentissage chez le peintre au début de 1631, ce qui amène son entourage à le designer du nom de Gaspard Poussin. Ses premières œuvres conservées datent des années 1633-1634 et ont été peintes dans l’atelier de son beau-frère.

Les arbres, qui occupent le premier plan de ses compositions, sont caractéristiques de ses œuvres de jeunesse. Ces arbres sombres du premier plan sont disposés de manière à intriguer l’œil, qui doit cheminer au-delà de cette masse sombre. La présence humaine est ici étonnante, se concentrant autour d’une vaste hutte, où des hommes s’affairent à rentrer du bois, et dont la tenue ne permet pas de dater la scène, rendue ainsi intemporelle. Au premier-plan, des ânes chargés de paquets sont conduits par un homme.

La montagne ainsi que l’horizon bleu et doré rappellent le paysage conservé au Metropolitan Museum of Art de New York. Cette fois-ci, les personnages sont habillés de toges, mais leurs activités sont tout aussi mystérieuses, puisqu’il s’agit de deux groupes d’hommes qui conversent au sein de la nature.

Dans le paysage conservé au château de Maisons, l’activité est moins intellectuelle et transcrit le travail des hommes dans la campagne romaine : on transporte des marchandises et on stocke du bois, un pâtre mène ses moutons.

Ce sont bien les arbres du premier-plan qui donnent cette tonalité fantastique au paysage, plus sauvage que les visions classiques de Poussin, et bien davantage proches de l’inspiration des peintures de Salvator Rosa, avec des affleurements rocheux et des arbres aux formes étranges. Les deux peintres sont des exacts contemporains. Rosa, napolitain, est en effet à Rome de 1634 à 1636. À son retour de son premier séjour à Rome, il peint à Naples, des paysages étranges, envahis par la végétation, des paysages déchiquetés animés de scènes pittoresques, avec des bergers, des brigands, des marins et des soldats. Vers 1635, Gaspard Dughet a pu le rencontrer, car à cette date il s'émancipe de Poussin et commence à fréquenter le cercle des Bamboccianti, se lie en 1636 avec le peintre Jean Miel (1599-1656), mais aussi avec Pier Francesco Mola (1612-1666) et Pierre de Cortone (1596-1669).

Les tableaux de Dughet sont nombreux dans toutes les grandes galeries-musées de Rome : Barberini, Corsini, Spada, Colonna, etc. Les œuvres de Gaspard Dughet, comme celles de Claude Lorrain, sont également très appréciés des collectionneurs anglais, aussi bien au XVIIe siècle qu’au XVIIIe siècle. Les musées britanniques sont donc très riches en tableaux du peintre.

Oeuvre à la loupe

Pour aller plus loin

Marie-Nicole Boisclair, Gaspard Dughet. Sa vie et son œuvre 1615-1675, Paris, Arthéna, 1986.

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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