Patrimoine végétal et biodiversité : le CMN cultive l’avenir
Derrière les murs, dans les cours, autour des enceintes, les espaces verts sont autant de richesses à préserver. En 2025, le Centre des monuments nationaux poursuit et renforce son engagement pour la conservation et la valorisation de son patrimoine vert.
Un patrimoine précieux, mais fragile
Quand on pense « patrimoine », on imagine généralement des monuments et sites emblématiques, témoins de notre histoire. Mais notre patrimoine végétal, souvent plus méconnu, est tout aussi riche, divers et remarquable.
Jardins d’abbaye et parcs de château, roseraies, vergers et potagers historiques… Le Centre des monuments nationaux conserve et valorise 83 parcs et jardins d’exception, répartis sur tout le territoire.
Ces espaces verts s’étendent sur plus de 3 300 hectares et racontent l’histoire des sites, au même titre que leurs bâtiments. Ils sont le résultat des aménagements passés, de la transmission des gestes, techniques et savoir-faire acquis au fil des siècles. Ce sont aussi de véritables réservoirs écologiques et refuges pour la biodiversité.
Mais ce patrimoine vert est fragilisé par les effets du changement climatique : inondations, montées des eaux, sécheresses, tempêtes… Au sein des parcs et jardins patrimoniaux, la biodiversité s’érode. Les cycles de floraison sont perturbés, les espèces envahissantes prolifèrent, les pollinisateurs diminuent.
Engagé de longue date dans la préservation de son patrimoine végétal, le CMN renforce son action face à ces enjeux. Pour cela, il déploie une nouvelle stratégie de conservation, pensée pour concilier héritage paysager et défis environnementaux.
Restaurer dans les règles de l’art
Plusieurs projets de restauration, réaménagement et replantation ont été engagés sur des sites emblématiques. L’objectif est de retrouver la cohérence historique des paysages, tout en les adaptant aux enjeux écologiques actuels.
Ces opérations permettent de redonner toute leur splendeur aux espaces verts dégradés par le temps et l’usage. Mais aussi de retrouver les tracés anciens, de réintroduire les essences végétales et motifs ornementaux d’origine, ou encore de planter des espèces plus résistantes.
Parmi les projets engagés ou à venir, on peut citer :
- le travail sur l’environnement végétal de la Grande Cascade du domaine national de Saint-Cloud : replantation des alignements d’arbres et des haies, réhabilitation des sols ;
- la replantation des bordures de buis du jardin bouquetier du château de Bouges ;
- la réfection des parterres du château de Montal : conservation des tracés et garnitures végétales d’origine, ajout de plates-bandes fleuries de rosiers et autres espèces pour retrouver l’aspect original des broderies ;
- la végétalisation de la cour du logis des tours et remparts d’Aigues-Mortes…
Encourager la production des parcs et jardins
Les espaces verts patrimoniaux ne sont pas tous purement décoratifs : certains d’entre eux sont aussi des espaces de culture.
Le CMN souhaite aujourd’hui réactiver ou renforcer la dimension productive de ses parcs et jardins, en respectant l’identité historique de chaque site, comme :
- au cœur du parc du château de Voltaire, à Ferney, où le potager des jardins de Voltaire est cultivé selon les principes de la permaculture ;
- au château d’Azay-le-Rideau, où les jardiniers collaborent avec une association locale pour sauvegarder et développer des variétés de légumes anciens et parfois oubliés de la région ;
- au château de Bouges, où 35 hectares de prairies situés dans le parc et 4 hectares à l’extérieur du domaine sont exploités pour la production de foin de manière raisonnée.
S’allier pour mieux préserver
Le CMN mise sur la force du collectif pour protéger durablement la biodiversité sur ses sites. Il noue des partenariats avec des associations spécialisées, dans le but de mieux connaître les milieux et les espèces présentes.
Ces collaborations permettent de mener des diagnostics environnementaux et inventaires détaillés, de mettre en place des suivis scientifiques et de définir des plans de gestion adaptés à chaque site.
Une grande variété d’espèces animales et végétales a ainsi pu être recensée sur plusieurs sites, dont :
- le château d’Angers, véritable refuge ou lieu de passage pour les oiseaux, avec 39 espèces répertoriées, dont 18 sont nicheuses sur le site ;
- le site archéologique de Glanum, avec près de 100 espèces animales recensées ;
- le domaine national de Saint-Cloud, où cohabitent 53 espèces d’oiseaux, 3 espèces d’amphibiens, 2 espèces de reptiles et 6 espèces de mammifères ;
- les alignements de Carnac, où le dernier inventaire fait état de 167 espèces de plantes recensées, donc 3 protégées nationalement et 1 régionalement.
Adopter des pratiques plus durables
Préserver la biodiversité, c’est aussi veiller à une meilleure gestion des espaces, plus respectueuse de l’environnement. En adéquation avec les objectifs de la transition écologique, le CMN a engagé une transformation de ses pratiques :
- mise en place de plans de gestion pour limiter l’utilisation d’eau potable pour l’arrosage ;
- expérimentation de la végétalisation, comme à l’abbaye de Montmajour pour créer un îlot de fraicheur ;
- développement du plan jardin, qui intègre le végétal et l’eau comme un élément essentiel du patrimoine ;
- déploiement de l’éco-pâturage dans certains monuments nationaux, afin de limiter l’usage d’engins mécaniques et de produits phytosanitaires pour l’entretien des prairies et zones difficiles d’accès ;
- analyse approfondie de la biodiversité locale avant tout chantier de restauration ;
- aménagement de refuges pour la biodiversité…
Chaque site déploie des solutions adaptées à ses contraintes et spécificités, en s’appuyant sur l’expertise de ses équipes et des acteurs locaux.
Sensibiliser les publics
La conservation et la valorisation du patrimoine végétal s’accompagnent d’actions de sensibilisation dans les monuments pour tous les publics.
Chaque année, les « Rendez-vous aux jardins », manifestation portée par le ministère de la Culture, permettent de faire connaître la richesse de ce patrimoine et les mesures pour le protéger.
En parallèle, de nombreuses initiatives sont déployées tout au long de l’année dans les monuments. Petits et grands peuvent ainsi participer à des visites commentées, initiations botaniques, ateliers pédagogiques et autres évènements festifs sur le thème de la nature, pour découvrir son rôle pour notre planète en général, et dans les monuments en particulier.